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 Jaedenar

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Vael'this




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MessageSujet: Jaedenar   Jaedenar Icon_minitimeVen 31 Aoû - 2:59

Spoiler:

Un battement de cœur… Des souvenirs perdus qui remontent à la surface… Un battement de cœur… Toute une vie passée à ne jouer qu’un seul rôle… Un battement de cœur… Un instant, et le destin qui revient au galop à son esprit. Trop rapide, trop soudain, trop inattendu.
Inspiration… L’image d’un elfe jeune et réfléchi… Expiration… La nuit s’empare du ciel, plongeant le monde dans l’obscurité… Inspiration… Au bord d’un gouffre sans fond, sans lumière, sans espoir… Expiration… Tombe, tombe, dernier souffle de vie, et sacrifie ton cœur au profit de ton devenir… Un battement de cœur… Un homme de noir vêtu se tient devant toi, te tend la main, et en un instant, vois que tu n’es maître de rien… Inspiration… Un battement de cœur… Vois que ton destin ne t’appartient pas… Expiration… Vois que tu n’es devenu que ce que tu devais être… C’en est fini… c’en… est… f…

« Non !!! »

Je me réveille en sursaut, le corps en sueur, les mains tremblantes, le visage pétrifié par la peur, le visage pétrifié par l’émerveillement… Tant de sensations contradictoires se présentent à mon esprit, sauvages, indomptées, brutales. Je me frotte le visage de longues secondes durant, ne pouvant m’empêcher de penser à cette illusion, ce rêve, cette vision. Je retrouve peu à peu mon calme, mes traits se détendent. Je regarde par la fenêtre, observant l’aurore étendre son règne sur le monde. Ma respiration se fait de plus en plus calme, mon regard plus doux face à ce spectacle de lumières colorées. Puis mes yeux se baladent dans la chambre et se posent sur le bureau, observant plumes, encriers, parchemins... Observant cette lettre qui me hante depuis plusieurs jours maintenant. Aucun doute possible désormais. Il est temps de la revoir…

Je m’habille en vitesse, je me saisis de cette lettre et je me dirige vers l’extérieur des ruines de Lune-d’Argent, non loin de la place de l’épervier. Je regarde autour de moi, vérifiant que personne ne m’a suivi… Une, deux, trois inspirations… Rien, pas même un rat. Je laisse les énergies funestes envahir mon corps, jusqu’au bout des doigts, je ferme les yeux, et j’entends le galop de Nelan, brisant les liens entre le Néant Distordu et ce monde, fougueux, téméraire. Je ressens son énergie, je ressens sa haine, de plus en plus intense, de plus en plus proche, jusqu’à l’instant où le portail se ferme, où l’esprit torturé devient matière. Ses sabots de flamme embrasent les herbes au sol, son souffle ardent ne témoigne que de sa colère, de sa haine envers moi. Je jubile à l’idée qu’il ne puisse que servir un être qu’il déteste.

« Calme Nelan, calme… Evitons donc de nous mépriser en ce jour… Marchons ensemble vers notre destin, mon cher ami… Marchons ensemble… » Dis-je d’une voix calme, un sourire doux et moqueur aux lèvres. Le cheval ne me répond que par un souffle plus intense, plus brûlant, puis je me mets en selle. Un hennissement se fait entendre dans le bois et nous partons au galop, nous éloignant de la capitale, laissant une traînée de feuilles calcinées sur notre passage. Je regarde le soleil continuer son ascension triomphale, je regarde les arbres se nourrir de la lumière nourricière de celui-ci. Un jour parfait, un jour idéal, pour sombrer à nouveau au fond du gouffre…


Dernière édition par le Ven 31 Aoû - 3:12, édité 1 fois
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Vael'this




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MessageSujet: Re: Jaedenar   Jaedenar Icon_minitimeVen 31 Aoû - 2:59

Sensations contraires… J’appréhende notre rencontre, je ne veux pas la voir, je veux rester libre… Puis une brève vision nous dessinant, elle et moi, avançant main dans la main vers notre destin… Sensations contraires… Un mépris sans fin pour qui tentera de faire de moi son pion… Puis des instincts trop longtemps refoulés, le passé est l’ombre de mon avenir… Sensations contraires… Le vent caresse délicatement les feuilles des arbres, douce mélodie de la nature en éveil… Puis le fracas destructeur du passage de Nelan, authentique ode à la destruction…

Le ciel se fait plus sombre au fil de mon avancée. Le bois enchanté, magique, se transforme peu à peu en nature pleurant son passé, pleurant sa jeunesse perdue, maudissant la mort, maudissant le Fléau. Le mélange de verts et de rouges fait place à un dégradé de couleurs sombres. La caresse du vent fait place aux hurlements des démons morts-vivants, la fierté d’un peuple vieux de plusieurs millénaires fait place au désespoir de quelques jours, l’espoir d’une vie belle et longue fait place au règne de la mort souriante et traîtresse. Bienvenue dans l’ombre du peuple Sin’Dorei, bienvenue aux terres fantômes…

Nelan se sent dans son élément, je ressentirais presque une certaine satisfaction en lui, semblable à celle de l’enfance cruelle qui rit du désespoir de son semblable. Je sais ce qu’il pense, je sais qu’il nargue ce monde, qu’il se moque de ce monde. Il jouit du malheur des elfes que nous croisons et qui tentent un peu plus chaque jour de combattre la mort, espérant vainement reconquérir ces terres et les refaire leurs. Je regarde droit devant moi, ne prêtant pas plus attention que cela au paysage sinistre. Mon cœur bat de plus en plus vite à force que je traverse Quel’thalas, je ressens mon sang bouillir, je vois mes mains commencer à trembler, mais je continue de regarder devant moi, droit, fier. Mon rêve revient par fragments à ma conscience, je me perds dans mes pensées… Finalement, la traversée de Quel’thalas ne me fait que trop penser au voyage de mon âme, à l’enfant innocent qui a choisi d’arpenter les sombres couloirs de la déchéance mortelle plutôt que de laisser l’innocence de la jeunesse le guider vers le salut éternel. Pareille à cette forêt qui devient de plus en plus sombre alors que j’entrevois les Maleterres, mon esprit a laissé peu à peu les rouges et les verts devenir noirs et ombres, a laissé le bruit délicat de l’apaisement devenir le hurlement enragé de l’avidité…

Aucun doute, cette journée est superbe, elle est parfaite pour…

« Hmm… Mais… Nelan, qu’est-ce que tu attends, en avant ! »

Je sors brusquement de mes pensées. Cet imbécile n’avance plus, il reste sur place, calme, ne répondant à aucun ordre. Soudain, une brindille qui craque sur ma gauche. Je tourne la tête brusquement, le visage fermé, le regard sévère. Le rythme cardiaque s’accélère. Un bruit de pas, de plus en plus intense… J’ai du mal à cerner le bruit… Un cheval, un cheval qui avance, lentement. Je fronce de moins en moins les sourcils, le cœur bat de plus en plus vite. Je suis immobile, le visage laissant transparaître mes craintes… Le cavalier, le visage caché par une large capuche ébène, est à quelques mètres de moi, plus haut, sur une colline… Puis une voix de femme :

« Ravie de te revoir, Vael’this… »

Mon sang se glace, je ne peux plus bouger. Le cheval me regarde de ses yeux emplis de fierté, de fureur, de rage brûlante. Elle était là…
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Vael'this




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MessageSujet: Re: Jaedenar   Jaedenar Icon_minitimeVen 31 Aoû - 2:59

Durant quelques secondes, le monde se fige. Rien, hormis le bruit du souffle ardent des chevaux, ne se fait entendre. Elle me fait signe d’approcher. Je suis nerveux, mon cœur bat vite, très vite. J’ordonne à Nelan d’avancer, et chaque pas ne fait que provoquer un écho au travers de mon corps. L’angoisse monte peu à peu. Plus que quelques mètres. Nelan continue son avancée et bientôt, je me retrouve sur la colline, face à face avec la cavalière. Elle lève légèrement la tête et je distingue alors de longues mèches, lisses, souples, noirs, plus noirs encore que la terre souillée sur laquelle nous marchons. Elle retire alors sa capuche. Je vois son visage et en un instant, la peur disparaît, l’angoisse laisse la place au soulagement. Une confrontation, par le regard. Elle a toujours les mêmes yeux, bleus azur. Elle a toujours le même regard, envoûtant, ensorcelant, véritable leurre sur sa nature, sur ce qu’elle est. Elle pose sa main sur ma joue, me regardant avec amertume, avec colère.

« Cyna… Tu es… »

Elle porte son doigt à ma bouche, m’interdisant de parler. Son regard se fait de plus en plus doux, elle finit par me sourire. Puis elle murmure :

« Je suis heureuse que tu sois venu. Ne restons pas ici, suis-moi. »

Je hoche légèrement la tête, pas sans méfiance. Nous chevauchons vers les Maleterres, une légère traînée de flammes pour seul témoin de notre passage.

[…]

Nuit, la sombre, la discrète, se profile. Subtile mélange d’ocre, d’orange, de rosé. Une fumée rejoignant le ciel au loin. Nous chevauchons vers elle. Nous arriverons à son campement la nuit complètement tombée. Un regard. Etrange union entre l’innocence et la ruse, entre la tendresse et la malice. Les contraires se bousculent en moi. Je ne sais comment agir. Attendons, attendons d’être arrivés…

Une tente, un feu peu entretenu. Aucun doute, elle est seule ici. Pas un bruit, pas un mot. Elle descend de sa monture. Je l’imite. Quelques tapes sur ses vêtements, poussiéreux. Elle ravive le feu. Je la regarde faire, fronçant les sourcils, attendant.

« Tu es toujours aussi méfiant, n’est-ce pas… »

Pas même surpris. La question, je l’attendais. Un simple signe de tête pour lui répondre. Elle sort un sac de la tente, rempli de nourriture. Quelques mets sur le feu. Nous prenons place, hésitants, l’un à côté de l’autre, observant tour à tour le ciel dégagé, étoilé, qui semble rire en regardant cette terre dévastée et stérile, et le feu qui crépite. Quelques mots échangés, sans grand intérêt. Un soupir. Un silence. Elle me regarde. Un œil différent, un œil empli de sentiments contraires. Elle m’en veut d’être parti, elle se réjouit de me revoir. Une légère brise qui passe. Le silence. Les perdus se retrouvent. Un instant, un regard, une étincelle. Rapprochés. Un baiser. Le feu s’agite, le feu se renforce. Corps et âmes se mêlent, s’unissent, fusionnent. Nous parlerons demain matin…
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MessageSujet: Re: Jaedenar   Jaedenar Icon_minitimeVen 31 Aoû - 3:00

Seul, debout, au milieu du bois des chants éternels. Un papillon qui passe. Je le regarde, je tends timidement ma main vers lui. Un bref sourire. Je marche. La côte à quelques pas. La plage de sable blanc. Calme, sérénité. J’arrive sur la côte. Le large qui s’étend devant moi. Immobile. Le temps s’accélère. Le ciel se couvre vite, très vite. La nuit tombe. La mer s’agite, le vent se lève. Un éclair, deux éclairs. La tempête libère sa rage. Une pluie torrentielle. Et je reste, immobile. Ma peau devient pâle, mes traits se creusent. Une larme. Ma robe se déchire. Des ailes, des ailes qui poussent de mon dos. Je m’envole. La tempête continue de faire rage. Mes yeux s’emplissent de haine. Un éclair tombe sur moi. Un cri de douleur. Lumière aveuglante…

… Et j’ouvre les yeux. Le soleil n’ose pas encore poser ses rayons sur la terre pestiférée. Le silence. Je regarde sur ma gauche. Cyna, dormant sur moi. Je caresse délicatement ses cheveux. Je respire son parfum. Un plaisir de la revoir. Je réfléchis. J’appréhende la rencontre. Gangr’dan m’en veut-il ? Bien sûr qu’il m’en veut. Il va me faire payer ma trahison. Mais c’est le seul moyen. Les minutes, les heures passent. Elle dort si paisiblement. Si je ne la connaissais pas, je dirais presque qu’elle est normale. Les apparences sont de tels sortilèges qu’ils mèneraient n’importe quel âme à sa perte…

Elle se réveille doucement. Un regard. Elle me sourit. Un baiser. Nous restons allongés, enlacés, quelques secondes encore. Le soleil s’est levé maintenant. Il nous faut reprendre la route… Il nous faut parler. Je n’ose pas briser le silence. Mais il le faut. Pas d’hésitation…

« Cyna… Que veulent-ils… »

Elle me regarde. Un soupir. Elle sait que je m’en doute. Oui, je m’en doute. Mais je veux l’entendre. Elle penche légèrement la tête sur le côté. Un petit signe de tête.

« Ils veulent que tu reviennes. »

« Mais ça n'a pas de sens, ils savent ce que je pense de leur secte… De ta secte… »

Elle soupire, visiblement irritée.

« Oui, ils le savent… Je le sais… Mais il n’empêche que tu es là… »

Je grimace. Elle a raison. Pourquoi suis-je venu…

« Ils veulent te proposer un marché… »

« Un marché ? Comment ça ? »

« Je n’en sais pas plus. Ils veulent te proposer quelque chose qui va t’intéresser, c’est ce qu’ils m’ont assuré. »

Mélange désagréable. Curiosité et méfiance s’unissent et forment le couple le plus amer qui soit. Je regarde vers l’extérieur de la tente. Pensées s’entremêlent. Si elle est là, ce n’est probablement pas un piège. Et puis pourquoi me piéger, moi. Aucune raison. Je suis ici de toute façon. Je dois y aller, maintenant. Nous verrons en quoi consiste ce marché. Quelques sourires, quelques baisers, quelques regards échangés. Nous nous préparons. Le soleil est bientôt à son zénith. En selle. Long voyage. Mais c’est le prix qu’il faut payer pour aller à Jaedenar…

[…]

Quelques jours ont passé. Gangrebois est visible. La forêt est toujours d’une beauté lugubre. Chaque arbre, chaque fleur, chaque brin d’herbe porte en son sein l’odeur même de la corruption. Nous marchons. Je regarde de part et d’autre de la route. Des murmures. On entend les cris du passé, on entend le désespoir du présent. Je tente de les écouter. Je veux comprendre ce qu’elles disent. Je veux m’approprier leur détresse. L’avancée continue. De nouveaux cris, on implore la pitié, on hurle de terreur. Une longue inspiration, je ferme les yeux. Un sourire froid. Des profondeurs de la terre résonnent encore les échos de la torture et de la souffrance qui ont régné ici. Cyna n’y fait pas attention. Elle est habitué à ces cris. Elle ne les écoute plus. Un loup hurle non loin d’ici et nous contemplons les ruines d’un refuge des saisons. Elle esquisse un sourire, je perds le mien. Je fixe les vieilles ruines. L’adrénaline monte. Le cœur bat vite, plus vite. Je sens mes muscles se contracter. Les divers bruits autour se font taire. Je n’entends plus que le lent rythme de ma respiration. Un murmure, à moi-même…

« Quand les origines refont surface… »
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Vael'this




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MessageSujet: Re: Jaedenar   Jaedenar Icon_minitimeVen 31 Aoû - 3:00

« Reste ici, elfe. »

L’orc me laisse non-loin de la salle du trône. Il fait demi-tour, me regardant comme n’importe quel morceau de viande. Je fronce les sourcils, je reste droit. Il avance. Seul. Je ferme les yeux. Profonde inspiration. Cyna est restée à l’autel du sacrifice. On entend les cris d’une kaldoreï. Rien, pas un mouvement, pas un frisson. Je reste de marbre. Lente expiration. J’ouvre peu à peu les yeux. Les cris de douleur résonnent. Au sol, des os. Un grognement, derrière. Je me retourne brusquement. Un gangrechien. Il me sent. Je plisse discrètement les yeux. Un nouveau cri de terreur. Immobiles. Il avance. Je me méfie mais je le laisse approcher. Il arrive à mes pieds. Il bave, il n’aspire qu’à me vider de ma magie. Je cligne des yeux. Un claquement de doigts. Il est surpris, il recule. Haaghun surgit de l’ombre, la hache en main. La bête regarde le démon. Un grognement étrange. Elle se retourne, elle m’oublie. Je regarde Haaghun. Un rire discret. Il me hait, et j’adore cela. Quoi de mieux que de soumettre en votre pouvoir ceux qui donneraient tant pour vous annihiler…

Plusieurs minutes, plusieurs heures. Les murs s’imprègnent des cris de l’elfe de la nuit gémissante, implorant ses bourreaux de l’achever. Je commence à m’impatienter. Quand soudain…

« Les sectateurs veulent te voir, elfe. »

Un bref soupir en guise de réponse. Je le suis. Les sectateurs, de chaque côté de la voie, me dévisageant. Fel’dan est au bout, confortablement installé sur son trône, entouré de Moora et de Salia, ses deux succubes. Le seul bruit de mes pas, résonnant dans toute la pièce. J’avance, fixant Fel’dan. Quelques grognements d’orcs ici et là, quelques murmures inaudibles. Face à Fel’dan, enfin. Puis brusquement…

« C’est un traître !! Sacrifions-le à Kil’jaeden !! »

Cacophonie. Tous hurlent. Les voix se superposent. Ils veulent ma mort. Je ferme les yeux. Un instant. Les injures volent. Encore un instant… Et je finis par sourire. Le sourire devient rire. Fel’dan me regarde, intrigué. Le temps s’écoule. Plusieurs secondes. La scène ne bouge pas. L’orc me dévisage peu à peu. Il grimace. Soudain, un coup de poing brutal sur l’accoudoir. Le bruit résonne à travers la pièce. Les têtes se tournent, les bouches se ferment, le silence règne à nouveau. Fel’dan émet un sourd grognement. Les regards s’affrontent l’espace d’une seconde. Puis il parle, de sa voix rauque…

« Vael’this Cornaline… Comme tu le vois, tu n’es pas le bienvenu ici… »

Un ample geste de main qui accompagne ses mots, désignant l’assemblée. Je relève légèrement la tête.

« Seigneur Fel’dan, sachez que… »

« Silence, elfe.. ! »

La foule rit, de ce rire mesquin et discret. Des échos de murmures ici et là. Puis Fel’dan reprend d’une voix fatiguée.

« Le Conseil des Ombres a décidé de te convoquer, malgré ta trahison, pour te faire part de son désir de te recompter dans ses rangs… »

Une pause. Il soupire. Il n’est pas favorable à cette idée. Elle ne vient pas de lui. Les murmures se taisent, la foule écoute.

« … Cependant, chacun ici sait que ta lignée n’est pas… Fidèle à Kil'jaeden et son règne. Ce serait même le contraire… »

Je ravale discrètement ma salive. Un gnome se racle la gorge, aussitôt fusillé du regard par les succubes.

« … L’idée d’un marché… Est alors venue à l’esprit du seigneur Creuseplaie… Idée que nous refusons tous ici… Mais si tel est son désir… »

Je ne peux m’empêcher de sourire. Ils n’ont toujours pas compris. Notre rôle est de les contrôler, pas de les servir. Mais je ne suis pas en position de donneur de leçons. Je hoche vaguement la tête. Le silence règne toujours. L’orc reprend…

« Mais crois-moi… Fais un seul faux pas, elfe de sang, et ta tête sera mon plus fier trophée, et ton corps… Sera offert en repas aux charognes qui rôdent autour de Jaedenar, quant à ton âme… Elle deviendra mon esclave personnelle, souffrant des pires atrocités le jour, recouvrant ses forces et redoutant le lever du soleil la nuit… »

L’ombre s’approche. Elle passe la porte. Tous les sectateurs s’agenouillent. Creuseplaie avance, un sourire machiavélique se dessinant sur son visage.

« En espérant que cela n’arrive pas… N’est-ce pas, fils de l’ombre éternelle… »

Je me retourne lentement. Je le vois. Non, pas à genoux. Je ne lui ferai pas le plaisir de la soumission. Un rire sombre et grave, résonnant dans tout le fort des ombres. Il me fait signe d’approcher. J’avance. Je ne peux pas m’empêcher de regarder tous ces pantins, à genoux devant le seigneur de l’effroi. Face à face ultime.

« Laissez-nous maintenant, serviteurs de Kil’jaeden. »

Tous s’exécutent. La foule disparaît. Restent Fel’dan et ses deux bourreaux, le démon et moi. Une main tendue, un rictus abominable. C’est l’heure de ma réponse…
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Vael'this




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MessageSujet: Re: Jaedenar   Jaedenar Icon_minitimeVen 31 Aoû - 3:01

On entend leurs grognements d’ici. Ils hurlent, ils hurlent leur soif. Ils chantent le sang qui va couler. Ils vénèrent celui qui se nourrit de la peur des innocents. J’entends les voix de Nuit et de Meurtre qui murmurent quelques mots doux à mon oreille. J’enfile la chemise de soie déposée sur la chaise. Ils crient leur impatience. Ils crient leur désir de voir la mort emporter les voués au sacrifice. Des murmures, les murmures de ceux qui ont trépassé ici. On les entend encore. On les entendra toujours. Un peu de poussière que j’étale sur mes mains. Un instant de mélancolie. Je repense à ce que j’étais. Ah, c’était il y a bien longtemps maintenant. Peut-être une larme… Non, pas même ça. Le seul souvenir de Gwydion ne fait que rendre plus amère ma salive. Une longue inspiration. Le souvenir disparaît, vaincu. Un bref sourire. Le gant gauche à ma main. Autre souvenir. Mon frère, Soral’this. Ah, si tu étais là, frère. Qu’aurais-tu fait, à ma place… Probablement mieux. Un rire. Je secoue la tête. Qu’est-ce que le mieux. Ca n’a pas de sens. Ce qui est mieux pour moi ne le sera probablement pas pour elles… Elles qui attendent de voir le visage de leur bourreau. Elles dont le rythme cardiaque s’accélère. Elles qui ne peuvent s’empêcher de larmoyer en entendant les braillements des suivants de la Légion. Le gant droit, cette fois-ci. Les braillements semble s’unir. Harmonie, macabre harmonie. Mon nom est crié. Vael’this… Vael’this… Oui, j’arrive, j’arrive très chers. Ne vous inquiétez pas. Le spectacle ne vous décevra pas. La robe, désormais. Je prends un mouchoir, je m’essuie légèrement le front. Il fait si chaud ici, dans cette petite pièce. Me voici prêt. Sortons, désormais. Il ne faut pas faire attendre la plèbe, c’est très mal vu…

J’ouvre la porte. La goutte d’eau éclate au sol, l’harmonie des cris se brise. J’avance le long du chemin formé par les sectateurs. Ils me regardent, ils m’encouragent. Curieux changement de situation, en si peu de temps. Au bout, l’autel. Mes oreilles perçoivent de moins en moins le bruit de ces laquais. Les murmures se font de plus en plus nombreux. Des cris, les cris de ceux que l’on n’entend plus. Allez-y, criez. Oui, continuez. Nourrissez-moi de votre peine. Plus que quelques pas et les murmures persistent. Puis un instant. Tous les bruits s’effacent. Je suis seul, j’entends à nouveau Nuit et Meurtre. Elles se penchent vers moi. Elles m’exaltent de leur force comme une femme vous exalte de ses charmes. Cela fait tellement longtemps que nous n’avons pas marché, tous les trois, ensemble…

Au pied de l’autel. Fel’dan et Creuseplaie sur ma gauche, Cyna et Heidric, un humain pathétique, sur ma droite. Cinq marches à monter. Une marche, le vide m’encercle comme une coquille protectrice. Deux marches, les murmures des oubliés reprennent leur ballet. Trois marches, Nuit et Meurtre m’effleurent de leurs lèvres avant de disparaître. Quatre marches, retour à la réalité, les cris de joie des sectateurs reprennent. Cinq marches, l’adrénaline monte enfin, chaque parcelle de mon corps s’imprègne du désir de violence. Quelques secondes. Je lève légèrement la main gauche. La foule laisse le silence la dominer peu à peu. Plus un bruit. Une pause. Je baisse les yeux. A quoi pourrais-je penser… Rien, pas une pensée, pas une image, pas un souvenir ne me vient. Assez, maintenant. Je relève les yeux. Le silence règne toujours. Ils attendent. Un léger sourire en coin, s’effaçant rapidement. Je hoche la tête. Une porte s’ouvre. Deux dryades et une draeneï ligotées, baillonées et traînées par des orcs. Alignées derrière l’autel. Les dryades fondent en larmes. La draeneï reste fière. Par où commencer…

L’une des dryades ressemble à une enfant. Je vais vers elle, le pas lent. Je me penche légèrement. Le menton entre le pouce et l’index. Visage relevé. Un murmure à l’oreille :

« Allons… Ne pleure pas… Tu ne sais pas quel dessein tu sers… Tes larmes ne changeront pas ton destin. Tu mourras, comme tous ceux qui tentent encore de crier leur peine… »

Un rire discret. Elle pleure davantage. Je m’en délecte. Un baiser, noir, amer. Je me relève. Demi-tour. Face à face avec la foule. Un ample geste de main pour refaire face à l’autel. La foule retrouve sa transe. Je ferme les yeux. Les bras tendus. Une lueur mauve émane de mes mains. J’ouvre subitement les yeux, couleur néant. Les orcs retirent les baillons. Connexion. Leurs âmes, je les sens, je les touche. Le bois entier résonne aux cris de terreur et de douleur pendant une fraction de seconde. Un souffle de vent néfaste passe entre les arbres. Murmurez, maintenant… Murmurez…
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Vael'this




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MessageSujet: Re: Jaedenar   Jaedenar Icon_minitimeSam 15 Sep - 2:52

Spoiler:



Les jours suivent les jours. Les semaines suivent les semaines. Recherches ici et là. Parchemins déchirés. Ingrédients. Etudes. Tout est calculé au millimètre. Runes, poussières, formules. Le temps passe et les savoirs s'accumulent. Une carte d'Azeroth. Chaque région, chaque parcelle de terrain étudiée en détail. Je sais tout ce qu'il faut savoir. Je comprends peu à peu. Le théorique touche à sa fin. Hurlements de désespoir. Pas une réaction. Silence. La plume danse sur le papier. Expiration. Un nouveau cri. Un cri de mort. Mort. Presque un soulagement. Plus de souffrance pour lui. Et la plume continue de déchirer le parchemin. Proche... Tout proche... Xoroth sera bientôt à moi... Quelques heures, quelques minutes. Je n'entends rien. Hormis la petite musique. La musique douce. Une petite boite à musique. La musique de la victoire proche. Un sourcil se lève. Une braise se perd dans le regard...

... Xoroth, à nous deux...

Enfin prêt, prêt à ouvrir le portail ultime. Xoroth, tes secrets ne resteront pas cachés. Et lorsqu'enfin je pourrai soumettre la volonté fougueuse de tes fils... Je pourrai me débarasser de tout. Plus de Conseil des Ombres qui me retiendra, plus de dogme stupide auquel obéir, plus de loi à appliquer. Liberté, horrible liberté. Partons maintenant. Partons pour la dernière frontière. Partons pour Eldre'thalas...

[...]

Arrivé. Le bois, silencieux. Nelan, calme. Moi, souriant. Nous y sommes. Plus de marche arrière. Ne décevons pas les spectateurs, non. Ils veulent un final terrifiant et magnifique. Le clou du spectacle arrive, public adoré. Patience. Quelques pas. Des ogres revêches. Pathétique. La brute arrive en courant, marteau en main. Immobile. Brève inspiration. Haaghun sort de l'ombre et charge l'assaillant. Quelques coups de hache. Le tas de graisse tombe. J'ose me permettre une folie. Du chardon sanglant. Cela rajoutera du piment. Quelques pas encore. Je regarde Haaghun en levant un sourcil, je ne comprends pas que...

Un bruit. Un bruit rapide et discret. Qu'arrive-t-il. Je regarde autour. Rien. Un autre bruit. Derrière moi. Je me retourne brusquement. Toujours rien. Le rythme cardiaque s'accélère. Le sang est fluide. Haaghun attend calmement. Moi, je ne comprends pas. Non, pas d'obstacle... Pas maintenant..!

"Sors de là, infecte rodeur! Montre-toi!"

Plusieurs buissons s'agitent. Mais qu'arrive-t-il. Pas d'ennemis maintenant, non, il ne faut pas! Xoroth n'est plus qu'à quelques mètres! Je ne peux pas échouer, non, pas maintenant! Je descends de monture.

"Haaghun, fais attention à... Argh..!"

Flèche traîtresse. Dos transpercé. Qu'est-ce que... Non, non non non!!! Un bout de bois ne m'arrêtera pas! Alors une deuxième. Impossible! Où sont-ils..? Deux flèches... Je ne tiens plus. Haaghun ne voit rien. Désemparé. A genoux. Comment est-ce possible. Pas ici... Pas maintenant...

"S... Scélérats... Mont... rez-vous... Et je... vous apprendre..."

Trois créatures sortent des buissons. Deux elfes de sang. Traîtres... Qui sont-ils... Le réprouvé prend la parole...

"Les serviteurs de la Légion... Ne sont pas les bienvenus."

C... Comment..? Comment savent-ils..?! Qui a osé me trahir... Qui!!!

"En gage de punition... Que votre corps ressente la pourriture de la Peste, et que votre dépouille serve de hors-d'oeuvre aux goules des terres perdues."

Je... Non... Je n'ose y croire. Si près... Echouer si près... Pff... Un rire étouffé. Ils froncent les sourcils. Ils retirent les flèches, soignent légèrement les blessures. Il faut que je vive, le temps du voyage. Au camp Mojache, des magis attendent. Partis pour Fossoyeuse...



Au bois des pins argentés, deux pierres. Côte à côte. Une pierre, une moitié de message.

"Le cercle est brisé, les maux sont oubliés, mais vengeance et damnation veillent pour l'éternité..."

"Soral'this Cornaline - Vael'this Cornaline"


Cyna, face aux rocs. Pas de tombe, pas d'honneur, mais la mémoire. Une rose noire flotte au vent... Un livre se ferme. Oublions, maintenant, l'histoire des enfants maudits...
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